BRAQUE
Oeuvres | Biographie | Texte référence | Catalogue | Verbatim | Oeuvres vendues | BibliographieVoici les estampes originales signées (lithographies ou gravures ou livres illustrés) actuellement disponibles pour Georges Braque, cliquez sur une image pour accèder à sa description. Sauf mention contraire, toutes les estampes sont signées par Georges Braque et sont originales.
Georges Braque est né en 1882 à Argenteuil. Très tôt il suit les cours du soir de l'Ecole des Beaux-Arts du Havre en compagnie d'Othon Friez et de Raoul Dufy. Braque installe son premier atelier à Paris en 1904 et expose 6 toiles 3 ans plus tard au Salon des Indépendants.
Il peint régulièrement à l'Estaque, près de Marseille et Kahnweiler l'invite à exposer ses tableaux dans sa galerie, Apollinaire préfacera le catalogue de l'exposition. C'est aussi Kahnweiler qui mettra en relation Braque et Picasso ; ce dernier vient d'achever les demoiselles d'Avignon, tableau qui impressionne fortement Braque. l'artiste peint alors plusieurs tableaux dans le midi qui seront tous refusés au Salon d'Automne de 1908. la critique n'est pas tendre envers Braque, ainsi M. Vauxcelles écrit dans le Gil Blas du 14 novembre 1908 : « M. Braque est un jeune homme fort audacieux... Il méprise la forme, réduit tout, sites et figures et maisons, à des schémas géométriques, à des cubes. ». Le mot est lancé... Braque et Picasso ressèrent leur amitié, ce sera jusqu'en 1914 une collaboration incroyable entre les deux peintres qui s'influencent mutuellement : introduction de lettres et de chiffres d'imprimerie peints au pochoir, imitation de matière : faux bois ou faux marbre, incorporation de sable ou autres matières dans la peinture, collages etc.
En 1914, Braque est mobilisé puis gravement blessé à la tête. Après une longue convalescence, Braque se remet à peindre en 1917 des tableaux moins anguleux et plus colorés. De 1933 à 1938 son oeuvre est jalonnée de natures mortes, en 1949 il termine la grande série des Ateliers et exécute les décors de Tartuffe de Molière à la demande de Jouvet. En 1952 il reçoit la commande d'un décor de plafond pour une salle du Louvre. En 1956, il crée 5 vitraux pour une chapelle à Varengeville où il possède une maison. Braque travaille alors sur le thème de l'oiseau.
Dès 1907, Braque s'est intéressé à l'estampe. Entre 1907 et 1912, il a ainsi réalisé à l'eau forte ou à la pointe sèche une douzaine de gravures cubistes ("Etude de nu", "Petite guitare cubiste", "Fox", "Job", "Bass" ou encore "Pall"). Sa première lithographie date de 1921, une nature morte éditée par Kahnweiler (Nature morte aux verre et fruits avec la collaboration de l'imprimeur Charlot à Paris). Toute sa vie, Braque a continué à graver, maîtrisant toutes les techniques de l'estampe : Eau-forte, lithographie, aquatinte, gravure sur bois. Parmi les estampes les plus emblèmatiques, on notera "L'oiseau de feu" eau forte et aquatinte rehaussée de vernis de 1958, "Théière et citrons" lithographie de 1949, "l'oiseau et son ombre" de 1959, "Corbeille de fleurs", gravure vernie de 1951, tirée à seulement 10 exemplaires, "L'oiseau sur fond carmin", gravure de 1958 tirée par Crommelynck, "Le char noir", gravure de 1958, "vol de nuit", lithographie de 1957 tirée par Fernand Mourlot, L'oiseau d'octobre ou encore "Feuilles, couleur lumière", lithographie de 1953, toujours avec la collaboration de Fernand Mourlot.
L'oeuvre gravé de Georges Braque est aussi jalonné d'importantes collaborations avec les plus grands poètes : Satie (Léger comme un oeuf, avec une gravure à l'eau forte), Reverdy ( La liberté des mers, illustré de 7 lithographies originales), Ponge (Cinq sapates, avec 5 gravures à l'aquatinte), Paulhan (Braque le Patron, avec 2 lithographies), Apollinaire ( Si je mourais là bas, illustré de 18 gravures sur bois), Franck Elgar ( La résurection de l'oiseau illustré de 4 lithographies en couleurs, Jouhandeau ( La descente aux enfers, avec 4 lithographies originales), Saint-John Perse ( L'ordre des oiseaux, avec 12 gravures à l'eau forte et aquatintes en couleurs) et surtout René Char pour lequel il illustre entre autre Lettera amorosa, comportant 29 lithographies originales en couleurs. L'artiste a aussi participé à quelques ouvrages collectifs, parmi lesquels "Un poème dans chaque livre" d'Eluard, orné de 16 gravures par Miro, Giacometti, Chagall, Masson etc., "Sentences sans paroles" avec une gravure de Giacometti, Paroles peintes avec des estampes de Chagall, Bissière, Zadkine, Tapiès, Chillida etc.
Braque est mort en 1963. Dans l'oraison funêbre qu'il fit pour Braque au Louvre en septembre 1963, Malraux déclara : « il y a une part de l'honneur de la France qui s'appelle Braque parce que l'honneur d'un pays est fait aussi de ce qu'il donne au monde ».
Il peint régulièrement à l'Estaque, près de Marseille et Kahnweiler l'invite à exposer ses tableaux dans sa galerie, Apollinaire préfacera le catalogue de l'exposition. C'est aussi Kahnweiler qui mettra en relation Braque et Picasso ; ce dernier vient d'achever les demoiselles d'Avignon, tableau qui impressionne fortement Braque. l'artiste peint alors plusieurs tableaux dans le midi qui seront tous refusés au Salon d'Automne de 1908. la critique n'est pas tendre envers Braque, ainsi M. Vauxcelles écrit dans le Gil Blas du 14 novembre 1908 : « M. Braque est un jeune homme fort audacieux... Il méprise la forme, réduit tout, sites et figures et maisons, à des schémas géométriques, à des cubes. ». Le mot est lancé... Braque et Picasso ressèrent leur amitié, ce sera jusqu'en 1914 une collaboration incroyable entre les deux peintres qui s'influencent mutuellement : introduction de lettres et de chiffres d'imprimerie peints au pochoir, imitation de matière : faux bois ou faux marbre, incorporation de sable ou autres matières dans la peinture, collages etc.
En 1914, Braque est mobilisé puis gravement blessé à la tête. Après une longue convalescence, Braque se remet à peindre en 1917 des tableaux moins anguleux et plus colorés. De 1933 à 1938 son oeuvre est jalonnée de natures mortes, en 1949 il termine la grande série des Ateliers et exécute les décors de Tartuffe de Molière à la demande de Jouvet. En 1952 il reçoit la commande d'un décor de plafond pour une salle du Louvre. En 1956, il crée 5 vitraux pour une chapelle à Varengeville où il possède une maison. Braque travaille alors sur le thème de l'oiseau.
Dès 1907, Braque s'est intéressé à l'estampe. Entre 1907 et 1912, il a ainsi réalisé à l'eau forte ou à la pointe sèche une douzaine de gravures cubistes ("Etude de nu", "Petite guitare cubiste", "Fox", "Job", "Bass" ou encore "Pall"). Sa première lithographie date de 1921, une nature morte éditée par Kahnweiler (Nature morte aux verre et fruits avec la collaboration de l'imprimeur Charlot à Paris). Toute sa vie, Braque a continué à graver, maîtrisant toutes les techniques de l'estampe : Eau-forte, lithographie, aquatinte, gravure sur bois. Parmi les estampes les plus emblèmatiques, on notera "L'oiseau de feu" eau forte et aquatinte rehaussée de vernis de 1958, "Théière et citrons" lithographie de 1949, "l'oiseau et son ombre" de 1959, "Corbeille de fleurs", gravure vernie de 1951, tirée à seulement 10 exemplaires, "L'oiseau sur fond carmin", gravure de 1958 tirée par Crommelynck, "Le char noir", gravure de 1958, "vol de nuit", lithographie de 1957 tirée par Fernand Mourlot, L'oiseau d'octobre ou encore "Feuilles, couleur lumière", lithographie de 1953, toujours avec la collaboration de Fernand Mourlot.
L'oeuvre gravé de Georges Braque est aussi jalonné d'importantes collaborations avec les plus grands poètes : Satie (Léger comme un oeuf, avec une gravure à l'eau forte), Reverdy ( La liberté des mers, illustré de 7 lithographies originales), Ponge (Cinq sapates, avec 5 gravures à l'aquatinte), Paulhan (Braque le Patron, avec 2 lithographies), Apollinaire ( Si je mourais là bas, illustré de 18 gravures sur bois), Franck Elgar ( La résurection de l'oiseau illustré de 4 lithographies en couleurs, Jouhandeau ( La descente aux enfers, avec 4 lithographies originales), Saint-John Perse ( L'ordre des oiseaux, avec 12 gravures à l'eau forte et aquatintes en couleurs) et surtout René Char pour lequel il illustre entre autre Lettera amorosa, comportant 29 lithographies originales en couleurs. L'artiste a aussi participé à quelques ouvrages collectifs, parmi lesquels "Un poème dans chaque livre" d'Eluard, orné de 16 gravures par Miro, Giacometti, Chagall, Masson etc., "Sentences sans paroles" avec une gravure de Giacometti, Paroles peintes avec des estampes de Chagall, Bissière, Zadkine, Tapiès, Chillida etc.
Braque est mort en 1963. Dans l'oraison funêbre qu'il fit pour Braque au Louvre en septembre 1963, Malraux déclara : « il y a une part de l'honneur de la France qui s'appelle Braque parce que l'honneur d'un pays est fait aussi de ce qu'il donne au monde ».
Nous présentons ici un très beau texte de Dora Vallier "L'attentif regard" à propos des estampes de Braque, publié en préface du catalogue "Georges Braque, oeuvre gravé" aux éditions Maeght :
"L’œuvre gravée de Braque qui s’étend de 1 907 à 1 963, date de sa mort, reparti entre estampes et livres illustrés, comporte des pointes sèches, des eaux-fortes, complétées parfois à l’aquatinte, des lithographies et quelques bois gravés.
Sur le plan du travail toutes ces technique relèves de deux domaines ditincts : les unes, pointes sèches et eaux-fortes, ont pour structure de base la ligne, tandis que les lithographies et les bois ont pour structure de base la couleur. Certes, la couleur peut intervenir dans une eau-forte, comme la ligne peut intervenir dans une lithographie, mais le fait ne change pas le principe de fonctionnement. Le domaine de la ligne n’est pas celui de la couleur. Chez Braque cette dichotomie se trouve radicalisée. Quand il grave une eau-forte ou une pointe-sèche, son attention porte sur la ligne qu’il trace avec l’outil métallique sur la planche de métal, quand il exécute une lithographie il part de la couleur qui dicte la composition. La toute première gravure de Braque, Etude de nu 1 907-1 908, précède de peu ses recherches cubistes, mais la manière dont il grave est déjà nettement personnalisée. Par tradition la pointe-sèche et l’eau-forte constituent un système de signes soumis à une combinatoire très limitée : les lignes incisées, dites hachures, peuvent êtres plus ou moins fines ; elles peuvent être parallèles ou croisées, plus ou moins espacées ou resserrées. Espacées elles signifient la lumière, resserrées elles signifient l’ombre, l’articulation des ombres et des lumières produisent un effet de volume. Ainsi se présente le code de la gravure. Or, Braque en reprend les signes sans suivre le code. Les hachures ne cherchent pas à produire un effet de volume dans l’espace : elles animent l’espace, elles rythment la composition, regroupées ici et là sur la planche, alors que le corps de la femme se représente comme un simple contour. Braque en est à cette conception libre de la gravure quand il rencontre Picasso -fatidique rencontre qui aboutira à la mise au point du cubisme. L’amitié des deux hommes pendant cette période est trop connue pour qu’on s’y attarde. Je voudrais néanmoins revenir sur un détail : à un moment donné, au cours de l’élaboration du cubisme, Braque et Picasso avaient décidé de ne pas signer leurs tableaux et le résultat fut qu’ils qu’ils n’arrivaient plus à les distinguer. Le cas est unique dans l’histoire de l’art.
Cette évocation des liens d’amitiés exceptionnels qui ont existé entre Braque et Picasso, loin de nous détourner de notre sujet, nous y ramène, car c’est un lieu où la fusion esthétique à laquelle l’un et l’autre ont aspiré du temps du cubisme, se manifeste avec le plus de clarté, c’est bien la gravure -et cela à cause de la simplicité de son code. Le travail même de la gravure, avec ses exigences et ses impossibilités, a favorisé leur aspiration commune. A l’instar de certains de leurs tableaux, les gravures cubistes de Braque et de Picasso sont très proches. Chez l’un comme chez l’autre la composition est fondée sur une discontinuité de contrastes pareillement conçus. Braque, par rapport à ses débuts, a assoupli le maniement de la pointe métallique. Tantôt elle effleure la planche, tantôt elle appuie, tantôt elle accentue encore sa force en superposant hachure sur hachure, multipliant les tailles qui, par saccades, forment une structure globale. De la même façon, un peu plus tranchée, procède Picasso ; le principe du cubisme, mis à nu par la gravure, est un. Par la suite, comme dans la peinture, cette proximité disparaît ; chacun reprend son chemin et la différence se creuse entre le travail de Braque et celui de Picasso.
Pour Braque sera la guerre de 1 914. Sa blessure, sa longue convalescence l’éloignent de la peinture et plus encore de la gravure. Pendant les années 20, il exécute à peine quelques gravures, dont sa première lithographie, nature morte III. Il y reviendra dans les années 30, en s’inspirant de la mythologie grecque et en illustrant la Théogonie d’Hésiode. Si jusque là ses gravures étaient le reflet de sa peinture, dans les eaux-fortes pour la Théogonie il fait table rase. Braque concentre son attention sur la taille-douce en tant que telle et finit par en extraire la spécificité pour l’articuler sur un mode nouveau d’une totale originalité. Puisque les hachures dans leur fonctionnement ne peuvent être qu’espacées, resserrées ou tout au plus croisées, Braque systématise ces espacements resserrement et croisements et obtient des réseaux réguliers de losanges ou de carrés contrecoupés d’obliques. Puis Braque place ces tailles et contre-tailles rectilignes à l’intérieur d’un contour fluide qui n’est que courbes. Il en résulte des formes fermées, tendues à l’extrême, tout en mouvement. Ce sont les divinités de la Théogonie. Quand on sait que le récit poétique d’Hésiode a pour unique thème la turbulence de la création et que cette turbulence prend chaque fois le nom d’une divinité, on voit combien profond est le rapport du signe au sens. Syntaxe et sémantique se recouvrent dans ces eaux-fortes.
Après la Théogonie une nouvelle interruption intervient dans l’œuvre gravé de Braque. Il se remettra à graver dans l’après-guerre de 45, encouragé par Aimé Maeght, comme il avait été pour la Théogonie par Vollard. L’élément marquant de cette période est l’intérêt qu’il porte à la lithographie. Une fois de plus Braque conçoit son travail à partir des possibilités matérielles de la technique elle-même. Pour lui la lithographie appartient résolument au domaine de la couleur. Il opte pour l’aplat qu’il ne pratique pas dans sa peinture, si bien que pour mieux utiliser la force de l’aplat qui est immédiate, il change de palette, il fait appel à des couleurs franches, travaille dans une gamme chromatique nettement plus claire que celle de ses tableaux. Malgré la persistance de certains accords assourdis venus de sa peinture (un noir à côté d’un brun, un bleu foncé à côté d’un gris), des violets, des jaunes, es rouges vifs, des bleus d’outre-mer apparaissent souvent dans ses lithographies. L’action de la couleur n’a pas de secrets pour lui. Il peut tout entreprendre et tout réussir. La couleur des lithographies étant obtenue par le simple encrage, plus d’une fois Braque soumet le même motif à des variations chromatiques. Ainsi la double version de l’Oiseau et son ombre. Sans doute l’ancien cubiste prend-il plaisir a vérifier ce qu’il a si bien défini parlant des papiers collés : « la couleur agit simultanément avec la forme, mais indépendamment d’elle. » regardez combien un motif change, repris dans une autre couleur. Mais de toutes ces finesses, seul le regard attentif est averti."
"L’œuvre gravée de Braque qui s’étend de 1 907 à 1 963, date de sa mort, reparti entre estampes et livres illustrés, comporte des pointes sèches, des eaux-fortes, complétées parfois à l’aquatinte, des lithographies et quelques bois gravés.
Sur le plan du travail toutes ces technique relèves de deux domaines ditincts : les unes, pointes sèches et eaux-fortes, ont pour structure de base la ligne, tandis que les lithographies et les bois ont pour structure de base la couleur. Certes, la couleur peut intervenir dans une eau-forte, comme la ligne peut intervenir dans une lithographie, mais le fait ne change pas le principe de fonctionnement. Le domaine de la ligne n’est pas celui de la couleur. Chez Braque cette dichotomie se trouve radicalisée. Quand il grave une eau-forte ou une pointe-sèche, son attention porte sur la ligne qu’il trace avec l’outil métallique sur la planche de métal, quand il exécute une lithographie il part de la couleur qui dicte la composition. La toute première gravure de Braque, Etude de nu 1 907-1 908, précède de peu ses recherches cubistes, mais la manière dont il grave est déjà nettement personnalisée. Par tradition la pointe-sèche et l’eau-forte constituent un système de signes soumis à une combinatoire très limitée : les lignes incisées, dites hachures, peuvent êtres plus ou moins fines ; elles peuvent être parallèles ou croisées, plus ou moins espacées ou resserrées. Espacées elles signifient la lumière, resserrées elles signifient l’ombre, l’articulation des ombres et des lumières produisent un effet de volume. Ainsi se présente le code de la gravure. Or, Braque en reprend les signes sans suivre le code. Les hachures ne cherchent pas à produire un effet de volume dans l’espace : elles animent l’espace, elles rythment la composition, regroupées ici et là sur la planche, alors que le corps de la femme se représente comme un simple contour. Braque en est à cette conception libre de la gravure quand il rencontre Picasso -fatidique rencontre qui aboutira à la mise au point du cubisme. L’amitié des deux hommes pendant cette période est trop connue pour qu’on s’y attarde. Je voudrais néanmoins revenir sur un détail : à un moment donné, au cours de l’élaboration du cubisme, Braque et Picasso avaient décidé de ne pas signer leurs tableaux et le résultat fut qu’ils qu’ils n’arrivaient plus à les distinguer. Le cas est unique dans l’histoire de l’art.
Cette évocation des liens d’amitiés exceptionnels qui ont existé entre Braque et Picasso, loin de nous détourner de notre sujet, nous y ramène, car c’est un lieu où la fusion esthétique à laquelle l’un et l’autre ont aspiré du temps du cubisme, se manifeste avec le plus de clarté, c’est bien la gravure -et cela à cause de la simplicité de son code. Le travail même de la gravure, avec ses exigences et ses impossibilités, a favorisé leur aspiration commune. A l’instar de certains de leurs tableaux, les gravures cubistes de Braque et de Picasso sont très proches. Chez l’un comme chez l’autre la composition est fondée sur une discontinuité de contrastes pareillement conçus. Braque, par rapport à ses débuts, a assoupli le maniement de la pointe métallique. Tantôt elle effleure la planche, tantôt elle appuie, tantôt elle accentue encore sa force en superposant hachure sur hachure, multipliant les tailles qui, par saccades, forment une structure globale. De la même façon, un peu plus tranchée, procède Picasso ; le principe du cubisme, mis à nu par la gravure, est un. Par la suite, comme dans la peinture, cette proximité disparaît ; chacun reprend son chemin et la différence se creuse entre le travail de Braque et celui de Picasso.
Pour Braque sera la guerre de 1 914. Sa blessure, sa longue convalescence l’éloignent de la peinture et plus encore de la gravure. Pendant les années 20, il exécute à peine quelques gravures, dont sa première lithographie, nature morte III. Il y reviendra dans les années 30, en s’inspirant de la mythologie grecque et en illustrant la Théogonie d’Hésiode. Si jusque là ses gravures étaient le reflet de sa peinture, dans les eaux-fortes pour la Théogonie il fait table rase. Braque concentre son attention sur la taille-douce en tant que telle et finit par en extraire la spécificité pour l’articuler sur un mode nouveau d’une totale originalité. Puisque les hachures dans leur fonctionnement ne peuvent être qu’espacées, resserrées ou tout au plus croisées, Braque systématise ces espacements resserrement et croisements et obtient des réseaux réguliers de losanges ou de carrés contrecoupés d’obliques. Puis Braque place ces tailles et contre-tailles rectilignes à l’intérieur d’un contour fluide qui n’est que courbes. Il en résulte des formes fermées, tendues à l’extrême, tout en mouvement. Ce sont les divinités de la Théogonie. Quand on sait que le récit poétique d’Hésiode a pour unique thème la turbulence de la création et que cette turbulence prend chaque fois le nom d’une divinité, on voit combien profond est le rapport du signe au sens. Syntaxe et sémantique se recouvrent dans ces eaux-fortes.
Après la Théogonie une nouvelle interruption intervient dans l’œuvre gravé de Braque. Il se remettra à graver dans l’après-guerre de 45, encouragé par Aimé Maeght, comme il avait été pour la Théogonie par Vollard. L’élément marquant de cette période est l’intérêt qu’il porte à la lithographie. Une fois de plus Braque conçoit son travail à partir des possibilités matérielles de la technique elle-même. Pour lui la lithographie appartient résolument au domaine de la couleur. Il opte pour l’aplat qu’il ne pratique pas dans sa peinture, si bien que pour mieux utiliser la force de l’aplat qui est immédiate, il change de palette, il fait appel à des couleurs franches, travaille dans une gamme chromatique nettement plus claire que celle de ses tableaux. Malgré la persistance de certains accords assourdis venus de sa peinture (un noir à côté d’un brun, un bleu foncé à côté d’un gris), des violets, des jaunes, es rouges vifs, des bleus d’outre-mer apparaissent souvent dans ses lithographies. L’action de la couleur n’a pas de secrets pour lui. Il peut tout entreprendre et tout réussir. La couleur des lithographies étant obtenue par le simple encrage, plus d’une fois Braque soumet le même motif à des variations chromatiques. Ainsi la double version de l’Oiseau et son ombre. Sans doute l’ancien cubiste prend-il plaisir a vérifier ce qu’il a si bien défini parlant des papiers collés : « la couleur agit simultanément avec la forme, mais indépendamment d’elle. » regardez combien un motif change, repris dans une autre couleur. Mais de toutes ces finesses, seul le regard attentif est averti."
Braque l'oeuvre gravé
- Braque lithographe, catalogue établi par Francis Ponge et Fernand Mourlot qui répertorie toutes les lithographies originales de l'artiste. André Sauret Editeur. Catalogue épuisé car tiré à 4125 exemplaires, comportant 3 lithographies originales en couleurs. A noter qu'il existe une édition de tête de ce catalogue raisonné de Braque, comportant 3 lithographies originales : L'oiseau des sables, Le bouquet, Frontispice, ces trois lithographies étant signées par l'artiste et tirées par Fernand Mourlot.
- Braque, l'oeuvre gravé par Dora Vallier, ici reproduit. Il recense toutes les estampes originales de Georges Braque, lithographies, gravures, gravures sur bois, livres illustrés. Flamarion 1982.
- Braque lithographe, catalogue établi par Francis Ponge et Fernand Mourlot qui répertorie toutes les lithographies originales de l'artiste. André Sauret Editeur. Catalogue épuisé car tiré à 4125 exemplaires, comportant 3 lithographies originales en couleurs. A noter qu'il existe une édition de tête de ce catalogue raisonné de Braque, comportant 3 lithographies originales : L'oiseau des sables, Le bouquet, Frontispice, ces trois lithographies étant signées par l'artiste et tirées par Fernand Mourlot.
- Braque, l'oeuvre gravé par Dora Vallier, ici reproduit. Il recense toutes les estampes originales de Georges Braque, lithographies, gravures, gravures sur bois, livres illustrés. Flamarion 1982.
"Ecrire n'est pas décrire. Peindre n'est pas dépeindre. La vraisemblance n'est que trompe-l'oeil".
Citation de Georges Braque, in Cahiers de Braque.
Citation de Georges Braque, in Cahiers de Braque.
- Georges Braque, la magie de l'estampe. Catalogue d'une exposition Georges Braque au Musée de la Malmaison à Cannes, 2013 - 2014. Texte de Frédéric Ballester. De la Théogonie à Lettera Amorosa de René Char illustré de 27 lithographies de Braque, le catalogue recense plus de 150 œuvres, lithographies, gravures et livres illustrés issus d'une prestigieuse collection privée. Importante notice biographique illustrée en fin d'ouvrage.
- Georges Braque, Graphische Werk. Catalogue d'une exposition Braque à la galerie Boisserée à Cologne en 2010. En dehors du catalogue raisonné établi par Dora Vallier, probablement le catalogue le plus complet pour découvrir l'oeuvre gravé de Braque, y compris ses premières gravures cubistes. Toutes les estampes importantes de Braque figurent au catalogue, parmi lesquelles Oiseau dans le feuillage (lithographie), Oiseau sur fond carmin (gravure), ou encore les très rares gravures que Braque réalisa dans les années 50. Texte de Michael Brödje, notice biographiques, et plusieurs photographies montrant l'artiste en fin de volume.
- Georges Braque, His graphic works. Aux éditions Abrams, très bel ouvrage retraçant une partie de l'oeuvre gravé de Braque. Texte d'introduction par Werner Hofmann. L'ouvrage s'ouvre sur une citation extraite des cahiers de Braque "J'aime la règle qui corrige l'émotion" et donne à voir les œuvres les plus emblématiques de Braque depuis les premières gravures cubistes jusqu'aux oiseaux des années 60. Le même éditeur, outre Braque, publia dans la même collection des ouvrages également consacrés à l'estampe par Chagall, Picasso et Miro.
- Georges Braque, Grand Palais. Catalogue de l'exposition rétrospective Georges Braque au grand Palais en 2013 et 2014. Plus de 300 œuvres de Braque y sont reproduites, en reprenant de manière chronologique le parcours de l'artiste. Tous les thèmes et toutes les périodes de l'oeuvre de Braque sont abordées, cubisme, papiers collés, fauvisme. La collaboration de Braque avec Picasso et avec de nombreux poètes est également au cœur de ce très beau catalogue. A noter que cette très grande exposition Braque fut ensuite montrée au Museum of Fine Arts à Boston. Editions Réunion des Musées Nationaux.
- Georges Braque, Graphische Werk. Catalogue d'une exposition Braque à la galerie Boisserée à Cologne en 2010. En dehors du catalogue raisonné établi par Dora Vallier, probablement le catalogue le plus complet pour découvrir l'oeuvre gravé de Braque, y compris ses premières gravures cubistes. Toutes les estampes importantes de Braque figurent au catalogue, parmi lesquelles Oiseau dans le feuillage (lithographie), Oiseau sur fond carmin (gravure), ou encore les très rares gravures que Braque réalisa dans les années 50. Texte de Michael Brödje, notice biographiques, et plusieurs photographies montrant l'artiste en fin de volume.
- Georges Braque, His graphic works. Aux éditions Abrams, très bel ouvrage retraçant une partie de l'oeuvre gravé de Braque. Texte d'introduction par Werner Hofmann. L'ouvrage s'ouvre sur une citation extraite des cahiers de Braque "J'aime la règle qui corrige l'émotion" et donne à voir les œuvres les plus emblématiques de Braque depuis les premières gravures cubistes jusqu'aux oiseaux des années 60. Le même éditeur, outre Braque, publia dans la même collection des ouvrages également consacrés à l'estampe par Chagall, Picasso et Miro.
- Georges Braque, Grand Palais. Catalogue de l'exposition rétrospective Georges Braque au grand Palais en 2013 et 2014. Plus de 300 œuvres de Braque y sont reproduites, en reprenant de manière chronologique le parcours de l'artiste. Tous les thèmes et toutes les périodes de l'oeuvre de Braque sont abordées, cubisme, papiers collés, fauvisme. La collaboration de Braque avec Picasso et avec de nombreux poètes est également au cœur de ce très beau catalogue. A noter que cette très grande exposition Braque fut ensuite montrée au Museum of Fine Arts à Boston. Editions Réunion des Musées Nationaux.
Georges Braque, la magie de l'estampe
Georges Braque,Graphische werke
Georges Braque, His graphic works
Georges Braque, Grand Palais